Douleur chronique et dépression majeure se chevauchent
Environ un tiers de la population adulte mondiale souffrira de douleurs chroniques à un moment de sa vie. La douleur chronique est définie comme étant une douleur aiguë consécutive à une lésion ou à une chirurgie qui persiste au-delà de la période de guérison, une caractéristique de de nombreuses conditions médicales. Souvent, l’intensité de la douleur chronique ne correspond pas nécessairement au niveau de lésions tissulaires, comme on peut le constater avec l’arthrite notamment. Elle peut même être causée par un traumatisme très léger, comme une blessure par une aiguille.
Un énorme coût pour l’économie belge
Nous ne comprenons pas tout à fait pourquoi certaines personnes développent une douleur chronique et d’autres pas, ou comment la douleur aiguë devient chronique avec le temps, mais on pense qu’il y a une contribution génétique à la douleur chronique. Ce manque de compréhension rend la douleur chronique extrêmement difficile à traiter.
Les coûts pour l’économie belge dus aux maux de dos chroniques sont estimés à des millions d’euros chaque année. Il convient aussi de noter que certains pays européens, dont la Belgique, ont connu des hausses inquiétantes des overdoses mortelles liées à l’usage d’opioïdes. Le 23 juin 2017, une alerte était lancée simultanément en Belgique, en France, et en Suisse.
Chercher des réponses dans l’ADN
Pour mieux comprendre la biologie de la douleur chronique, une étude d’association pangénomique, ou Genome Wide Association Study (GWAS) en anglais, a été réalisée au sein de la Biobank britannique, un groupe de plus d’un demi-million de personnes qui fournissent des données de santé pour la recherche et l’étude, pour chercher des marqueurs de risque d’ADN associés à la « douleur chronique diffuse ». La douleur chronique diffuse se caractérise par la multiplicité des zones où des douleurs chroniques sont signalées, sur une échelle de zéro à sept.
Il s’agit de la plus importante étude génétique sur la douleur chronique jamais réalisée, à laquelle ont participé plus de 380 000 personnes, soit 10 fois plus que la plus récente étude comparable menée par 23andMe en partenariat avec la société pharmaceutique Pfizer. De nombreuses études génétiques antérieures portaient sur des affections douloureuses chroniques précises, comme la migraine, mais cette étude s’est penchée sur la douleur chronique peu importe la blessure ou l’affection sous-jacente.
L’objectif étant d’identifier les facteurs de risque génétiques de la douleur chronique en général et de la vulnérabilité à la douleur chronique, plutôt que pour des syndromes ou conditions de douleur spécifiques. De plus en plus de recherches indiquent que la douleur chronique peut exister sur un « spectre » continu, la maladie, l’affection ou la lésion d’origine fournissant moins de renseignements sur les mécanismes sous-jacents qu’une étude de la douleur chronique elle-même.
Des découvertes importantes pour la médecine
Ainsi, 76 variations génétiques indépendantes, ou polymorphismes nucléotidiques uniques (PNU), associées à la douleur chronique, ont été découvertes. Celles-ci étaient réparties dans tout le génome et suggéraient que les gènes exprimés dans le cerveau adulte, qui sont impliqués dans la neuroplasticité, ou plasticité neuronale, du cerveau, sont impliqués dans le développement de la douleur chronique. Ces résultats suggèrent également que les gènes impliqués dans le cycle cellulaire sont associés à la douleur chronique, ce qui pourrait indiquer un rôle pour le système immunitaire ou pour la neurogenèse cérébrale qui est une manifestation de la neuroplasticité.
Il a été également examiné la façon dont les variations génétiques indépendantes étaient partagées entre la douleur chronique et d’autres troubles, en particulier la dépression majeure, ou trouble dépressif majeur (TDM). Il s’agit d’un trouble psychiatrique courant et l’un des facteurs qui contribuent le plus à « l’espérance de vie corrigée de l’incapacité » (EVCI). Cette dernière est une mesure ou un mode d’évaluation du coût des maladies qui mesure l’espérance de vie en bonne santé, en soustrayant le nombre d’années considérées comme « perdues » à cause d’une maladie, d’un handicap ou d’une mort précoce.
Les personnes atteintes de dépression majeure éprouvent souvent des douleurs chroniques et vice versa, à des taux très élevés. Il a été constaté, dans le cadre de cette étude, que la douleur chronique et la dépression majeure se chevauchent génétiquement, environ 50% des variations génétiques des gènes associés à la douleur chronique étant également associés au risque de dépression majeure. Un chevauchement génétique entre la douleur chronique et la schizophrénie, l’indice de masse corporelle, la polyarthrite rhumatoïde et le syndrome de stress post-traumatique, etc. a également était observé.
L’éventualité d’un lien de cause à effet de la douleur chronique sur la dépression majeure et vice versa a, par ailleurs, été examinée. Il a été bel et bien établi que la douleur chronique était effectivement une cause de la dépression majeure, mais pas l’inverse. Cela a été possible grâce à un type d’analyse appelé randomisation mendélienne, qui permet de calculer les effets causaux à partir d’ensembles de données recueillies en même temps.
Prédire la prédisposition à la douleur chronique
Les résultats de cette étude peuvent également être utilisés pour prédire quelles personnes sont les plus à risque de développer une douleur chronique, en utilisant une évaluation du risque polygénique basée sur les variations génétiques propres à un individu.
Ces découvertes révèlent de précieuses informations sur la génétique et les mécanismes possibles de la douleur chronique et pourraient fournir de nouvelles pistes vers de meilleurs traitements. Cette étude pourrait également aider à identifier les personnes qui présentent un risque génétique plus élevé de développer une douleur chronique. Il est clair que la douleur chronique se chevauche avec une multitude d’autres troubles et maladies, mais le fait de prouver qu’elle provoque la dépression majeure est d’une grande importance sur le plan clinique et en santé publique partout dans le monde.
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